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Chris Korda dans ses cordes chez Circuit

Exposition

Après le militantisme-choc au nom de la planète, l’Américaine se crée une place sur la scène de l’art contemporain, avec des œuvres immersives à découvrir à Lausanne.

Partout où elle passe, y compris au Centre d’art contemporain Circuit à Lausanne, l’artiste Chris Korda, perruque style cabaret des années 30, est précédée d’un parfum de soufre. Transgenre pour des questions d’équilibre entre les sexes, l’Américaine, militante antinataliste histoire de ne pas aggraver davantage le sort environnemental de la planète Terre malade de surpopulation, n’a-t-elle pas fondé «L’église de l’euthanasie» dans les années 90 à Boston?

Trash tout autant que burlesques, les sorties de sa bande de prêcheurs entendent alors bousculer le conservatisme ambiant en précurseurs des lanceurs d’alerte! Le langage simple. Direct. Exacerbant les évidences.

À Lausanne, ce volet se fait discret. Concentré sur un seul écran qui diffuse ses clips et notamment celui où la musicienne, voix de synthé, «s’excuse auprès du futur». Le reste de l’exposition, plutôt que de monopoliser l’esprit avec des enjeux décisifs, il l’embarque. Et le laisse ralentir, s’alanguir. Les pensées en suspens, il se dilue dans des recherches esthétiques, technologiques, acoustiques, formelles d’une artiste totale. Éduquée dans les milieux culturels mais avant tout formée à la musique électro, techno et vouée aux instruments qu’elle se fabrique.

«Si Chris Korda est souvent définie par son action militante, celle-ci éclipse ses autres activités plastiques et l’idée était de donner de la place à son apport esthétique qui se frotte, lui aussi, aux extrêmes. Cette fois... créatifs. Pour les sonder, explique Matthias Sohr, commissaire de l’exposition, elle travaille avec des logiciels de son invention, l’un agissant sur la musique, l’autre générant les formes, dont les vases de plus en plus difformes que l’on voit ici.»

Tout devient possible

Ce sont eux, ectoplasmes qui se modifient à l’infini pour convoquer des époques, des cultures, des styles, des références artistiques ou encore des parallèles avec les règnes végétaux, humains, animaux, qui forment le centre névralgique de cette exposition. Épurée. Tout autant qu’invitation à lâcher prise.

Sous nous yeux, dans notre zone de respiration, ces espèces d’un nouveau genre, ces créatures se bousculent, psychédéliques, et font valser la mémoire collective dans ce qu’elle maîtrise. Ou pas. Ou plus! On voit ces céramiques en photos, accrochées aux murs. Ou en 3D alors qu’on se balade dans leur univers, et par extension dans leur liquide amniotique, grâce à un casque de réalité virtuelle.

Quand on parle d’art immersif – phénomène de mode qui draine les foules vers des shows plus ou moins lumineux! – il est ici dans son vrai bain, plus hallucinatoire que spectaculaire, créé et donné à vivre dans toute sa complexité par une artiste contemporaine qui a fait de la machine une alliée qu’elle humanise. À moins que ce ne soit l’inverse? Avec Chris Korda en programmeuse geek poussant ses investigations dans les cordes de l’impossible, tout devient possible.

Florence Millioud Henriques
Lausanne, Circuit
Jusqu’au 11 fév.
Ma au sa (14 h-18 h)
www.circuit.li

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