Exposition The (Wo)man of the Future de Chris Korda au Confort Moderne
by Arnaud Chedal-Anglay
Le Confort Moderne
Jusqu’au 28 août 2022
Immersion dans l’univers fascinant de Chris Korda, militante
écologiste transgenre. Sa pratique musicale et artistique, les bannières
peintes à la main lors des manifestations, son travail de codeuse, ses
créations sculpturales : le travail de l'artiste fait l’objet d’une
formidable rétrospective, qui sanctifie le désir et l’intuition.
Il y a 30 ans, en 1992, elle fondait la Church Of Euthanasia (l’Église
de l’Euthanasie). « Les biographies n’auront plus d’importance lorsque
les raz-de-marée déferleront sur nos villes. Répondre à des questions
personnelles encourage les gens à penser que le jeu peut continuer. Le
jeu se termine. Nous avons presque toutes et tous perdu et même pour les
quelques vainqueurs, il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus, dans une
cabine en première classe sur un navire en perdition. Il est grand temps
de dire la vérité aux gens. Dans un avenir proche, peu importera d’où
vous venez ou à quel point vous êtes populaire. Ce qui comptera, c’est
votre capacité à coopérer avec les autres, car la survie nécessitera une
solidarité à une échelle encore inconcevable. La seule histoire qui
compte, c’est celle qui racontera comment on a arrêté de brûler autant
d’énergie fossile et comment on est alors devenu une espèce plus
éclairée. »
Les bannières originales peintes à la main et brandies lors des
manifestations de la Church Of Euthanasia seront exposées parmi d’autres
archives vidéo et photographiques réalisées depuis 1992, ainsi que des
peintures emblématiques et inédites de son cofondateur, le pasteur Kim.
Son travail de codeuse sera également mis en avant comme faisant partie
intégrante de sa pratique artistique, ainsi que ses pièces musicales et
hypermédia. « Je n’écris pas ma musique de manière habituelle. Je
construis des sculptures cinétiques, et ces sculptures qui génèrent ma
musique sont virtuelles. Cela signifie qu’elles n’existent que sous
forme de données dans mon logiciel. C’est une manière de travailler qui
me vient d’un artiste relativement obscur du XXème siècle
nommé Thomas Wilfred. Comme moi, Wilfred était à la fois ingénieur et
artiste, mais il a vécu avant l’ère informatique, il a donc conçu des
sculptures cinétiques physiques pour générer son art. Une partie de ce
qui rend mon art différent est la collaboration avec mes algorithmes. En
d’autres termes, au lieu d’utiliser des machines comme des serviteurs,
je les invite sur un pied d’égalité à partager l’espace créatif. Elles
ont des capacités que je n’ai pas, donc on se complète. Elles
fournissent la vitesse et la précision, tandis que j’apporte le désir et
l’intuition. Ce qui en ressort est plus grand que la somme des parties.
Je trouve surprenant la résistance qu’ont les gens à co-créer avec les
machines. Elles ne sont pas de simples outils ou extensions de
nous-mêmes, leurs forces n’empiètent pas forcément sur les nôtres. Elles
peuvent nous surprendre, faire des erreurs intéressantes et révéler des
royaumes cachés, mais seulement si l’on se tient prêt à parler
couramment leur langue. »
LE CONFORT MODERNE
Jusqu’au 28 août 2022
185 Rue du Faubourg du Pont Neuf, 86000 Poitiers
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